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« Ma sœur était enceinte et on l’avait emmené à l’hôpital. Son cas était compliqué et on nous a référé au CHR Dapaong. Il n’y avait pas de moyens pour l’emmener en ambulance, on était obligé de retourner à la maison pour chercher de l’argent. Le lendemain, la sage-femme a exigé qu’on aille à l’hôpital. On a dû la porter sur une moto pour le Bénin qui est plus proche. Malheureusement, elle est décédée en chemin. » Dame Kouloba résidant dans la commune de Kpendjal Est dans la région des Savanes n’a pas pu retenir ses larmes en relatant les conditions dans lesquelles sa sœur est décédée en voulant poser un acte aussi naturel que celui de donner la vie. Son histoire pose l’épineux problème des frais de transport perçus élevés des références vers les structures de référence, frais que les bénéficiaires n’arrivent pas à honorer. Comment faire alors fonctionner les ambulances sans faire payer ou recouvrer totalement les dépenses par les bénéficiaires? La question était au centre du forum des maires des communes de la région des savanes sur le transport des urgences obstétricales.

Se sont donc mobilisés à l’hôtel Dapaong le mercredi 08 Février 2023, autour de la Représentante Résidente de UNFPA TOGO, le Secrétaire Général du Ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de l’Accès Universel aux Soins, le Représentant de la Présidente de la Faitière des Communes du Togo, les préfets de Tône, Oti, Kpendjal, Tandjouaré, Cinkassé, Oti Sud, Kpendjal Ouest, les maires des seize communes de la Région des Savanes et leurs collaborateurs ainsi que des directeurs préfectoraux de la Santé. Il s’agit à travers ce forum d’obtenir l’engagement des maires de la Région des Savanes sur le financement des références obstétricales. En effet si l’on veut régler la part du transport dans le problème de recours aux soins, l’une des solutions reste l’insertion dans les budgets des communes, d’une ligne  pour les transports ambulatoires.

Au Togo, sur la base des données de l’Enquête Démographique de Santé de 2014, il est estimé que toutes les 8 heures une femme meurt des suites des complications de la grossesse ou de l’accouchement, soit 401 Décès Maternels pour 100.000 naissances vivantes, contre la norme de moins de 70 mondialement admise à l’horizon 2030. S’exprimant au cours de la cérémonie d’ouverture du forum, la Représentante Résidente de UNFPA TOGO, Madame Josiane YAGUIBOU a déclaré « Les évidences sont là. Les évaluations périodiques montrent que le recours aux soins dans les maternités SONU de la Région des savanes reste faible. Des complications devant être enregistrées dans ces maternités, seules 29 % le sont effectivement. Ces complications sont souvent référées dans des états désespérés. Des restitutions périodiques sur le fonctionnement des maternités SONU ou des entretiens récents des maires avec leurs administrés, il ressort que les ambulances sont très peu utilisées, les usagers préfèrent le transport en commun et les motos – taxis dont ils trouvent les prix de transport plus accessibles. »

A l’issue des réflexions, les maires se sont engagés à mettre en place un système intégré de coordination des transports ambulatoires au niveau des communes en mutualisant les ressources ; de subventionner les frais de transport ambulatoire en faveur des femmes pour les urgences obstétricales et d’organiser des activités de sensibilisations communautaires pour promouvoir le transport par ambulance des urgences obstétricales et néonatales.

Ce sera donc leur contribution à la noble mission de réduction de la mortalité maternelle au Togo.