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Invisible et inaudible : Un appel pour mettre fin à l'agonie des femmes vivant avec une fistule obstétricale dans les pays pauvres

Invisible et inaudible : Un appel pour mettre fin à l'agonie des femmes vivant avec une fistule obstétricale dans les pays pauvres

Déclaration

Invisible et inaudible : Un appel pour mettre fin à l'agonie des femmes vivant avec une fistule obstétricale dans les pays pauvres

calendar_today 23 Mai 2024

Dr Sennen Hounton, Directeur Régional du bureau régional de l'Afrique de l'Ouest et du Centre
Dr Sennen Hounton, Directeur Régional du bureau régional de l'Afrique de l'Ouest et du Centre

L'histoire d'Adelia  est celle d'une souffrance tranquille et d'une résilience à toute épreuve. "Mes vêtements étaient constamment mouillés par l'urine ou les matières fécales et dégageaient une mauvaise odeur. Le père de mes enfants ne supportait plus ma présence et je ne pouvais pas gérer mon entreprise. J'ai souffert pendant 10 ans. J'ai été ostracisée et j'ai dû rester avec ma mère au village...". Ces mots poignants d'Adelia, une survivante de la fistule obstétricale, mettent en lumière la dure réalité à laquelle sont confrontées d'innombrables femmes et jeunes filles. En cette Journée internationale pour l'élimination de la fistule obstétricale, dont le thème est "Rompre le cycle : Prévenir la fistule dans le monde", nous devons reconnaître que les survivantes comme Adelia du Cameroun ne sont pas de simples statistiques ; ce sont des personnes dont la vie et la dignité exigent une action et un investissement urgents. Grâce au soutien de l'UNFPA, Adelia a pu être opérée et sa fistule n'est plus qu'un lointain souvenir ; elle a pu réintégrer sa communauté et reprendre son activité.

 

La fistule obstétricale, une lésion évitable et traitable lors de l'accouchement, touche près de 500 000 femmes et filles dans le monde, et des milliers de nouveaux cas apparaissent chaque année. L' Afrique subsaharienne représente 50 % du fardeau mondial estimé de la fistule obstétricale et l' Afrique occidentale et centrale est l'une des sous-régions où le taux est le plus élevé. Cet état débilitant résulte d'un travail prolongé et obstrué sans intervention médicale opportune, entraînant de graves conséquences physiques, émotionnelles et sociales. Les femmes souffrant de fistules obstétricales sont souvent confrontées à une incontinence constante, à des infections et à des douleurs chroniques. En raison de leur état, elles sont fréquemment confrontées à la stigmatisation, à l'isolement social et à l'aggravation de la pauvreté, comme l'illustre douloureusement l'expérience d'Adelia.

 

Au cours des deux dernières décennies, l' UNFPA a soutenu 140 000 opérations de réparation de fistules. Rien qu'en 2023, en Afrique occidentale et centrale, plus de 3 000 cas de fistules ont été réparés et 422 médecins (chirurgiens, gynécologues-obstétriciens ou urologues) ont été formés.

L'allocation de ressources adéquates pour soutenir des programmes holistiques de prévention, de traitement, de réadaptation et de réinsertion sociale contribuera à redonner une vie digne aux femmes ayant survécu à une fistule obstétricale et à éviter que d'autres femmes ne souffrent de ce traumatisme tragique, mais évitable, lié à l'accouchement. La prévalence de la fistule obstétricale dans les pays à revenu faible et intermédiaire d'Afrique subsaharienne est un symptôme d'inégalités mondiales profondément ancrées et de l'échec des systèmes de santé. En revanche, elle est quasiment absente des pays à revenu élevé, ce qui met en évidence les disparités en matière d'accès et de qualité des soins de santé.

 

Les femmes et les filles exposées au risque de fistule sont également exposées au risque de mortalité maternelle. C'est pourquoi le plaidoyer et l'accélération de l'action en faveur de l'élimination de la fistule sont une question de vie ou de mort.

Un engagement significatif de la communauté pour mettre fin au mariage des enfants et promouvoir l'éducation des filles est essentiel pour s'attaquer aux facteurs socioculturels des mauvais résultats en matière de santé maternelle, comme la fistule. Ces efforts facilitent également la réinsertion sociale des survivantes et améliorent le bien-être général des femmes et des filles.

Le parcours d'Adelia, qui est passée de la souffrance à une vie digne, montre qu'il est possible d'éliminer la fistule et de s'attaquer à ses conséquences dévastatrices. C'est aussi un appel à l'action. Nous ne pouvons pas permettre à davantage de femmes d'endurer une vie dégradante à cause de la fistule obstétricale. À l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la fistule obstétricale, engageons-nous à briser le cycle de la négligence et à faire en sorte que chaque femme ait la possibilité d'accoucher en toute sécurité et de poursuivre sa vie dans la dignité. La santé et l'avenir d'innombrables femmes et jeunes filles dépendent de notre détermination collective à mettre fin à cette tragédie évitable

 

En cette Journée internationale pour l'élimination de la fistule obstétricale, renouvelons notre engagement à éliminer cette maladie débilitante. Nous appelons les partenaires nationaux et internationaux à investir dans un accès équitable à des services de santé maternelle de qualité. Ce faisant, nous pouvons prévenir les cas de fistule et y mettre un terme, en veillant à ce que les femmes et les jeunes filles comme Adelia puissent vivre en bonne santé et dans la dignité